
CHU Sylvanus Olympio et sa déshumanisation Un soignant avance le manque de place pour cadenasser la porte devant une patiente agonisante
CHU Sylvanus Olympio et sa déshumanisation Un soignant avance le manque de place pour cadenasser la porte devant une patiente agonisante...
Le Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio de Lomé-Tokoin traîne une très mauvaise réputation. En plus du manque criard de matériel, une partie du personnel soignant s'illustre par un accueil désagréable et des actes attentatoires à la vie humaine. La mésaventure de ce parent qui a perdu sa fille dans des conditions atroces le mardi 20 janvier dernier nécessite des actions d'urgence et des mesures draconiennes pour sauver la vie des Togolais.
Ce mardi 20 janvier 2021 quand mon ami transportait sa fille ainée âgée de 30 ans et agonisante aux urgences de l'hôpital, il pensait trouver un secours auprès des personnels affectés justement à sauver les vies. C'est avec peine qu'il racontait sa mésaventure à la maison mortuaire à l'assistance puisque sa fille n'a pas survécu aux traitements que le personnel soignant des urgences lui ont infligés. Cette matinée-là, mon ami était bien arrivé avec sa fille à bord d'un taxi devant les portes des urgences. Sa sœur qui l'accompagnait s'était précipitée à l'intérieur du bâtiment pour signaler leur arrivée. Naturellement, elle s'attendait à être suivie toute de suite par les soignants pour transporter la malade à l'intérieur de la salle. Tel n'a pas été le cas. La réponse des soignants était plutôt surprenante. « Vous allez attendre puisque nous n'avons pas de place » Pis, un des agents s'est empressé de fermer la porte derrière elle en y apposant un cadenas. Incroyable mais vrai dira plus tard mon ami. Pendant ce temps, la malade agonisait de plus en plus. L'attente dans le taxi aura duré plus d'une vingtaine de minutes. Des instants qui ont fini par avoir raison de la vie de la malade. « A un moment donné, j'ai constaté que ma fille était morte puisqu'elle ne bougeait plus et tout ce que je faisais pour la ranimer était vain. En vérité, suis-je un médecin ? » se disait-il. Les agents viendront plus tard juste pour constater que la fille ne respirait plus et était déjà morte.
C'est un ami dévasté que j'ai retrouvé dans sa maison. ll m'a paru important de faire ce témoignage parce que plusieurs choses sont racontées autour du CHU Sylvanus Olympio. De loin, j'ai souvent pensé que ces choses sont exagérées. Il apparait clairement que la vie humaine n'a plus de prix aux yeux de ceux qui sont formés pour aider à la préserver quand celle-ci est gravement menacée. Sinon comment comprendre que des infirmiers, médecins, gardes malades… des services des urgences du principal centre de soin du pays puissent bafouer à ce point les principes primaires qui fondent la vie en communauté ? Même au village, quand quelqu'un agonisait, chacun apporte sa petite science pour sauver la personne. Si effectivement il n'y a pas de place dans la salle des urgences, qu'est ce qui peut empêcher un des soignants à venir apporter les premiers soins même si c'est sur les banquettes du taxi ? La conclusion de mon ami était simple « remettre tout dans les mains du Créateur ». Les cris de détresse et autres plaintes des patients et parents des patients ne sont-ils pas déjà suffisants pour que les autorités en charge du pays rappellent à l'ordre les urgentistes du CHU Sylvanus Olympio de Lomé-Tokoin ? Aujourd'hui c'est cet ami. Hier c'était un Togolais, parent d'un compatriote. Demain, ce sera un autre patient. Peut-être un proche parent d'une autorité. Il est temps de changer ».
La Rédaction