
Contractualisation des hôpitaux publics : Une auto-satisfaction suicidaire
Contractualisation des hôpitaux publics : Une auto-satisfaction suicidaire...
La contractualisation des formations sanitaires publiques a encore de beaux jours devant elle. En témoigne le bilan dressé par les autorités pour qui le souci de rendre plus efficace le système de santé au Togo porte ses fruits, à voir les « conclusions extrêmement positives et encourageantes», comme s'en était récemment félicité Christian Trimua, ministre en charge des droits de l'Homme et porte-parole du gouvernement. Mustafa Mijiyawa, lui, ne dit pas autre chose : « il a été constaté une amélioration de la situation financière des formations sanitaires concernées, permettant un réinvestissement de ressources dégagées au bénéfice de l'amélioration du plateau technique », a-t-il indiqué.
Si la contractualisation des hôpitaux vise à assainir le secteur de la santé, garantir des soins de qualité pour les populations et améliorer la gouvernance dans le secteur, les autorités ont notifié des avancées dans huit centres : CHU-Sylvanus Olympio, CHU-Kara, CHR Atakpamé, Sokodé, Dapaong, CHP Blitta, Notsè et CMS Siou). On parle de l'amélioration de l'offre de soins aux populations, de la croissance du taux de fréquentation et du nombre d'actes médicaux, de la disponibilité des médicaments et la prise en charge des indigents. Bientôt, le CHU Campus de Lomé, des hôpitaux de Bè, Lomé commune, Aného, Tsévié, Kpalimé, Notsè et Sotouboua feront l'objet de cette approche sanitaire dont la phase pilote a été lancée depuis 2017. Assiste-t-on ainsi à la fin du calvaire auquel sont soumis femmes, vieux, enfants et autres jeunes dans les centres susmentionnés?
Rien n'est moins sûr. L'amélioration de la situation financière des formations sanitaires susmentionnées et le réinvestissement des ressources dégagées au bénéfice de l'amélioration du plateau technique, ne sauraient occulter les graves manquements qui ont toujours caractérisé les centres sociaux. Au CHU-Sylvanus Olympio justement, pour ne citer que ce seul centre, les faits y recensés ne plaident pas en faveur du bilan brandi en haut lieu. En plus de manquer cruellement de scanner, c'est le centre où les vies humaines sont banalisées. Un centre où les malades se font parfois soigner à même le sol, parce que pas de places, encore moins de lits. Ce fait dégradant, remarqué en février dernier, constitue à lui seul un élément qui peut contrebalancer sinon ternir le bilan vendu. Oui à l'amélioration des formations sanitaires publiques, mais que cela se fasse sans l'ombre d'aucune propagande. Car il y a encore du chemin à parcourir sur le plan sanitaire au Togo. La contractualisation n'aura son sens que quand des femmes ne tomberont plus des lits chaque fois qu'elles voudront accoucher. On a tous en mémoire la triste disparition d'Ornella Laine. Malgré cela, des sages-femmes, faute d'équipements, accueillent leurs patients à la v comme je te pousse. Il faut que la contractualisation ne soit pas une initiative de petite semelle juste bonne à verser dans la propagande. A l'action !
DKM