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Georges - 05/01/2023 - 0 Comment(s)

Message de Vœux de Nouvel An à la Nation Sous l’ère Gnassingbé, l’éternelle sublimation du statu quo

En s’adressant aux Togolais le 31 décembre dernier, Faure Gnassingbé a fait le tour des questions qui hantent les citoyens. Economie, sécurité, revalorisation salariale, pouvoir d’achat, élections régionales, etc., rien n’a été laissé au hasard. Seul bémol pourtant : si les diagnostics sont on ne peut plus pointus, les analyses d’une grande finesse, il reste que les traitements risquent de faire l’effet d’un cautère sur une jambe de bois. Pour une politique sociale à même de satisfaire les Togolais dans leur ensemble, le maître des horloges se doit de jouer franc jeu, plutôt que de se cacher derrière des mots, prétextes tout trouvés de sa politique impopulaire et antisociale.

C’était dans le cadre de son traditionnel message de vœu de nouvel an que Faure Gnassingbé s’est adressé à la nation tout entière. D’entrée de jeu, le Président togolais a salué la « reprise progressive mais soutenue de notre économie grâce notamment à vos efforts face aux effets résiduels de la pandémie à la covid-19 ».
Comme l’on pouvait s’y attendre, il a enchainé sur le terrorisme et l’extrémisme violent qui, a-t-il fait remarquer, « menacent la quiétude des populations et fragilisent la stabilité des Etats», condamnant au passage les attaques terroristes « violentes et meurtrières » qui ont un tant soit peu secoué la partie septentrionale du pays.
« Je réaffirme l’engagement de la nation tout entière, face a ces bandes armées, à ne céder aucune portion de notre territoire. Nous mettrons tout en œuvre pour défendre la patrie agressée. Et dans ce combat, je suis convaincu, qu’avec l’aide de Dieu, nous vaincrons, nous aurons raison des forces du mal. Ces forces seront défaites aux portes du Togo », a-t-il assuré, avant de rappeler que « d’importants investissements ont été consentis, notamment dans le cadre de la loi de programmation militaire 2021-2025, pour mieux équiper et moderniser notre outil de défense pour notre armée ».

Ne pas lâcher la proie pour l’ombre
En fait de remobilisation des troupes, difficile de faire plus efficacement qu’un Faure Gnassingbé qui en a alors appelé « à la vigilance de tous et à notre sens du devoir, a notre sens du patriotisme pour qu’ensemble nous puissions créer les conditions d’une riposte constante, vigoureuse et efficace contre ces menaces multiformes ». On le voit bien, le fils de Gnassingbé Eyadema a la détermination chevillée au corps pour venir à bout de ces forces du mal. Honni soit donc mal y pense. Seul bémol pourtant : il serait trop réducteur de limiter la lutte contre le terrorisme au déploiement d’on ne sait quels outils de défense, fussent-ils les plus sophistiqués du monde, comme il serait une grave erreur de croire que ces terroristes qui s’en prennent aux innocents sont venus tout droit de l’enfer, et partant, envoyés par une force obscure pour punir le genre humain.
La prolifération de ces bandes armées n’est que la résultante de l’abandon par les politiques de leur mission qui est celle d’être à l’écoute des populations, de subvenir à leurs besoins, de les mettre dans des meilleures conditions sociales qui soient. En lieu et place, les dirigeants sont préoccupés par des combines devant leur permettre de s’éterniser au pouvoir, oubliant par là même leur rôle de serviteur d’un peuple déçu qui a vite fait de se trouver une soupape dans les rangs de gens (tout aussi frustrés que lui) qui leur vendent du rêve et les enrôlent dans cette croisade aux conséquences atroces. Oui à la lutte contre le terrorisme, mais cette lutte doit se faire dans l’autre sens, c’est-à-dire qu’elle doit passer par le retour aux fondamentaux d’une politique sociale plus aboutie, une politique sociale qui prenne en compte les desiderata des populations qui ne demandent qu’à être à l’abri des vicissitudes. Il serait inquiétant de lâcher la proie pour l’ombre qui continue de planer dans le quotidien fait de mal-vivre et de précarité des Togolais. Le pouvoir togolais gagnerait à changer de braquet tant sur le plan sanitaire qui fait peine à voir, que sur les autres plans toujours en quête de salut.

Feuille de route gouvernementale, ce conte de fées
« Le monde traverse une période difficile marquée par des incertitudes liées aux différentes crises sanitaires, sécuritaire, économique, climatique et alimentaire. Ces différentes crises qui se superposent, ont un impact négatif sur les économies et les finances publiques des Etats mais aussi sur le quotidien des populations. Notre pays n’y a pas échappé avec la hausse des prix des produits de première nécessité », a fait savoir Faure Gnassingbé dans son discours, non sans afficher pourtant une certaine assurance : « grâce aux réformes courageuses engagées et à la mise en œuvre résolue de la Feuille de route gouvernementale, notre économie a pu résister ».
Selon le fils du père, « plusieurs mesures ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat et permettre que les plus vulnérables d’entre nous puissent continuer à bénéficier de conditions de vie décentes. A cette occasion, d’importantes ressources financières ont été mobilisées pour subventionner les prix de certains produits ».
Le prince oublie un peu vite de faire son mea culpa, car ce n’est qu’un peu tard que ce qu’il convient d’appeler des mesurettes ont été prises, après le carnage social occasionné par la flambée des prix dont les séquelles sont loin d’être hors de vue. Le prince oublie un peu vite que les dix mesures dont il a été à l’origine n’ont profité qu’à une minorité qui peut s’en passer, contrairement à la majorité toujours laissée sur le bord de la route, elle qui est dans l’informel, elle qui ignore à quelle sauce elle sera mangée, et comment on prendra en compte la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti de manière à la lui faire profiter.

Sodoli KOUDOAGBO

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