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Georges - 26/03/2023 - 0 Comment(s)

Rencontre de Faure avec les Préfets et Maires en avril prochain à Kara Crever l’abcès Boukpessi

Dans un peu moins d’un mois, Faure Gnassingbé discutera collectivités territoriales avec les préfets et maires du pays. A peine connaît-on les dates de cette rencontre, que beaucoup portent déjà aux nues cette initiative qui, soyons beau joueur, est une première : jamais Président togolais n’a été aussi proche des uns et des autres. Mais les résultats de cette initiative sont d’autant plus vivement attendus, que certains maires n’ont pas les coudées franches pour dérouler le programme pour lequel leurs administrés les ont choisis. A titre d’exemple, le bras de fer entre Jean-Pierre Fabre et Payadowa Boukpessi ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale. Le premier n’en peut plus de ronger son frein, lui qui est souvent empêché par le second de dérouler littéralement ses actions de maire légitimement élu. Le second, lui, bardé de son statut de ministre d’Etat, se moque du tiers et du quart, et se permet de taper l’incruste sur un terrain où il n’est guère attendu. Une situation ubuesque dont l’arbitre Faure doit siffler la fin. Autrement, cette rencontre n’aura servi à pas grand-chose.
Les 13, 14 et 15 avril prochains à Kara, Faure Gnassingbé rencontrera les maires, adjoints aux maires et autres secrétaires généraux des Préfectures et des mairies. Placée sous le thème « Diagnostic inclusif du processus de la décentralisation : étape nécessaire vers les élections régionales », cette rencontre sera une occasion de mettre sur le tapis des questions diverses : état des lieux et perspectives à propos de la rénovation du cadre juridique et institutionnel de la fiscalité locale, compétences des collectivités territoriales conformes aux lois en vigueur, financement des collectivités territoriales, potentiel économique des collectivités territoriales, qualité de l’état-civil, gestion des collectivités territoriales.
La première édition de ces rencontres a d’autant plus de particularité qu’elle se fera dans un contexte où se dérouleront cette année les premières élections régionales, histoire de mettre la dernière main au processus de décentralisation. Cette rencontre du Chef de l’État avec les responsables communaux et préfectoraux signera-t-elle la fin des manquements et autres dysfonctionnements qui ont, depuis la prise des fonctions des maires, empêché ces derniers d’avoir les pleins pouvoirs et de travailler enfin sans qu’aucune autorité ne vienne marcher sur leur brisée ?

Crever l’abcès Boukpessi
On est tenté de l’espérer. Encore faudra-t-il que le gouvernement, lors de ces assises, prenne assez de hauteur pour mettre les mots sur les problèmes, sans quoi ce rendez-vous n’aura été qu’un gâchis comme il s’en fait souvent sous nos cieux. Si cette rencontre pouvait sonner l’hallali des velléités autoritaires du ministre de la Décentralisation qui se pique de modification de dénomination des artères qui sont du ressort des maires, alors qu’il est stipulé à l’article 78 de la loi sur la décentralisation et des libertés locales que « l’annulation des actes des autorités locales, relève de la compétence du juge administratif, sur saisine de l’autorité tutelle », les maires et les administrés eux-mêmes ne s’en porteraient que mieux.
L’impression que le pouvoir des Gnassingbé veut toujours avoir les dés de la gouvernance locale malgré les législatives est lancinante. Sinon comment expliquer le retard pris par Payadowa Boukpessi dans l’approbation d’un budget primitif de la Commune du Golfe 4, budget validé le 29 avril 2022 alors qu’il était censé l’être quatre mois plus tôt ? Que font nos autorités de l’article 354 de la même loi sur la décentralisation qui dispose que l’approbation du budget doit être faite dans les trente jours qui suivent le dépôt du budget auprès du ministère ? N’est-ce pas nuire au bon fonctionnement de la commune que d’adopter des attitudes que beaucoup expliquent à raison par le fait que l’hôte de la Commune du Golfe 4 est un opposant au régime dont Boukpessi est le porteur d’eau ?
Que dire de la cacophonie du même Payadowa Boukpessi, qui, en sa qualité de ministre d’État et de Président du Conseil d’administration de l’EPAM, n’a pas hésité à priver la Commune du Golfe 4 des ressources du marché d’Adawlato qui lui reviennent de droit ?
A quoi bon dresser autel contre autel sur un terrain où il ne devrait pas y avoir de rivalité ? Quid des agissements de l’Agence nationale d’appui au développement à la base (ANADEB) ? Cette rencontre devrait donner lieu à un sérieux examen de conscience du côté du ministère de la Décentralisation qui n’a pas besoin de piétiner on ne sait quel maire pour se sentir plus puissant qu’il ne l’est.
Revenir de ce rendez-vous sans que Faure Gnassingbé lui-même mette fin à ces agissements sera une déception et pour les Togolais qui ont choisi leurs élus pour une gestion saine et responsable de leurs collectivités, et pour les responsables des communes qui n’auront pas la chance de dérouler le projet pour lequel ils auront été élus.
Libre aux amateurs de sensations fortes qui présentent déjà ces assises comme une révolution dans la gouvernance façon Faure. Aussi longtemps que l’abcès Boukpessi ne sera pas crevé, la décentralisation au Togo peut attendre.

Sodoli KOUDOAGBO

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